
Résumé
Un tremblement de terre et la vie de Chris aura basculé. Jusqu’alors, elle n’avait été qu’une mère de famille sans histoire, mais désormais, elle devra se battre chaque jour pour protéger ses enfants du monde extérieur.
La nature qui se déchaine. Le monde qui s’effondre. La maladie qui s’invite dans les foyers. Ce brouillard et cet hiver qui n’en finissent plus. Et surtout, les « autres », ceux qui ne sont plus vraiment humains.
L’avenir est incertain mais jusqu’au dernier souffle, Chris ne baissera pas les bras.
Inspire. Un. Deux. Trois. Expire.
CHAPITRE 2
– Ce n’est qu’un charlatan, pestait Raphaël. Nous faire payer quarante euros pour nous dire que notre fille doit manger trois haricots verts de plus par repas ? Non et puis tu as vu sa gueule de « Monsieur-je-sais-tout » ? Il est incapable de dire ce qu’elle a. Tout ce qu’il veut c’est qu’on revienne. Et toi tu rentres dans son jeu, comme d’habitude. Madame a peur ! Oh, imagine si ses petits trésors venaient à avoir un rhume ? Ça serait la fin du monde ! Crois-moi, il se fout de ta gueule ! Ça doit bien le faire marrer quand une mère poule comme toi passe la porte de son cabinet ! Ka-ching ! Il a tiré le gros lot !
– Raphaël, s’il te plait, les enfants dorment, chuchota-t-elle.
Il grogna puis se tut. Il jeta un bref coup d’œil dans le rétroviseur et les observa assoupis sur la banquette arrière. Au fond, il ne voulait que leur bonheur. C’était un bon père et un bon mari, il se laissait simplement emporter par moment. C’était son caractère après tout et Chris le savait depuis le début. Elle l’avait accepté tel qu’il était. Elle regrettait parfois de s’être mariée avec lui lorsqu’il s’agaçait de façon exagérée, mais la plupart du temps elle s’estimait heureuse. Il y avait toujours pire ailleurs.
Foutaises. Tu sais très bien que ton mari, c’est une enflure. Ça fait combien d’années que je te le dis ? Tu as une propension à te voiler la face, je n’avais jamais vu ça avant.
Elle n’avait totalement gâché sa vie puisqu’étaient nés de leur union ces deux magnifiques enfants. Ils étaient son monde et rien ne comptait plus à ses yeux que leur bonheur et leur sécurité. Elle aurait parfois aimé avoir un époux plus doux et plus rassurant, mais elle avait été attirée par la protection qu’apportait son caractère sanguin. Dans ses bras, elle ne craignait plus les assauts extérieurs et elle pouvait se détendre. Si quelques remontrances étaient le prix à payer, elle s’estimait assez heureuse.
De manière générale, il ne faisait jamais consciemment de tort à sa famille. Dans sa tête, il mettait tout en œuvre pour être le bon chef de famille, celui que l’on voyait dans les rubriques publicitaires des années soixante : Monsieur rentrait de son éreintante journée de travail et c’était dans un foyer durement acquis par son labeur qu’il se reposait. Puisqu’il était à l’origine de tout, il était bien normal qu’il règne en maitre sur ces lieux !
Chris avait laissé faire non pas parce qu’elle partageait un tel point de vue, mais parce qu’elle n’osait pas le contredire. Il était bien plus simple d’acquiescer et de ravaler sa fierté que de lutter contre « l’homme ».
Si tu voyais à quel point il te domine…
Une fois de plus, Chris ne le contredit pas lorsqu’il décida qu’Iris n’avait pas besoin d’aide particulière. Elle ne put totalement se détacher de cette idée, mais elle donna l’illusion d’être passée à autre chose. Elle posa sa tête contre la ceinture de sécurité et dévia son regard vers l’extérieur. La sensation du tissu lui brulait légèrement la joue à chaque à-coup de la voiture, mais ce maintien avait quelque chose de rassurant. Ainsi installée, elle pouvait se laisser aller à quelques rêveries tout en observant le paysage.
Le soleil pointait de nouveau son nez et les habitants se baladaient comme pour célébrer son retour. Les rues étaient bondées en ce mois de mai. On pouvait observer de jeunes filles entrer par vagues de trois ou quatre dans les boutiques de vêtements. Elles se ressemblaient toutes avec leur coiffure copiée et leur accoutrement à la mode. À chaque groupe qu’ils croisaient, il lui semblait qu’elle avait déjà vu au moins l’une d’elles dans une rue adjacente. Avait-elle aussi été une pâle copie des filles de magazines lorsqu’elle n’était qu’une adolescente ? Elle imaginait probablement que oui.
En arrivant sur les abords de la place principale, les magasins firent place au parc du centre-ville. Là, des adolescents trônaient sur les bancs publics. Parfois, l’un d’eux esquivait quelques figures de skate pour impressionner la galerie. Un jour, ce serait peut-être Elliot qui trainerait sur cette place avec ses propres amis. Chris serait peut-être amenée à le réprimander lorsqu’il reviendrait à la maison avec un jean troué et une vilaine blessure due à une mauvaise chute.
L’idée que son fils puisse se blesser serra le cœur de la jeune mère. Elle aurait aimé pouvoir les garder toute sa vie dans le cocon familial, mais elle savait qu’un jour il leur faudrait voler de leurs propres ailes.
Pas encore, pas maintenant. Pour l’instant, on doit les garder près de nous. Ils ne doivent pas nous quitter d’une semelle.
Ils étaient encore sous sa protection. Il lui restait quelques années de répit devant elle. Aujourd’hui, elle se chargeait du retard de croissance d’Iris, c’était déjà bien suffisant.
Sur la place principale de Niort se trouvaient également des bars. Le soleil avait incité les restaurateurs à envahir l’espace de terrasse et plusieurs groupes d’amis fumaient joyeusement leur cigarette accompagnée d’un café. Il ne manquait plus que le joueur d’accordéon et le stéréotype français était complet ! Tout dans ce décor inspirait la joie de vivre et l’enthousiasme propre au printemps. Chris sentit sa poitrine se défaire d’un poids et elle se laissa envahir par la bonne humeur ambiante.
Le soleil lui permettait de redécouvrir cette ville qu’elle habitait pourtant depuis plus de huit ans. Elle voyait de nouveau la beauté des bâtiments blancs qui ornaient son centre, elle s’extasiait presque devant l’église aux briques blanches. Même les tags qui recouvraient les panneaux d’affichage trouvaient un certain charme à ses yeux. Il lui semblait que leurs propriétaires les avaient disposés ici tout juste pour elle. Ils lui parlaient. Ainsi, un banal « À mort les keufs ! » se transformait en un cri d’espoir de la jeunesse contre l’ordre établi. Il lui intimait de se rebeller elle aussi et de prendre sa vie en main. La représentation d’un canard tirant sur un chasseur lui rappelait le courage et la férocité que l’on pouvait trouver même au sein des êtres les plus craintifs.
Des qualités qu’elle avait depuis trop longtemps laissées dormir en elle.
Tout comme la foule ou les tags, la circulation également semblait s’être intensifiée avec la chaleur. Raphaël s’arrêtait fréquemment pour laisser passer un piéton ou attendre au feu et cela jouait sur ses nerfs. Contrairement à Chris, l’air bucolique de la journée ne l’apaisait pas et il râlait contre une grand-mère qui clopinait pour traverser ou encore contre un jeune conducteur qui calait au moment de démarrer. Le prochain excès de colère n’était pas loin et pourtant Chris ne l’appréhendait pas. Lorsqu’il conduisait, Raphaël s’acharnait rarement sur elle. Il y avait bien trop d’éléments extérieurs à blâmer pour que sa femme ne soit une priorité ! Il préférait hurler sur les étrangers et les insulter de tous les noms. Elle avait espéré qu’il perdrait cette habitude à la naissance d’Iris, mais là encore, la nature de Raphaël avait été plus forte.
C’est qu’il est vulgaire, putain de bordel de merde ! Oh, ça va, Chris. Je rigole ! Tu pourrais au moins sourire pour moi. Tu es si belle lorsque tu es heureuse.
Alors qu’ils étaient arrêtés à un énième feu rouge depuis quelques secondes, Chris observa deux femmes discuter sur le trottoir. L’une d’elles tenait en laisse un jeune berger allemand qui attendait sagement assis au pied de sa maitresse. Il levait vers elle sa truffe tout humide de bave et balançait sa langue au rythme de sa respiration saccadée. Il semblait prendre un certain plaisir à sentir la chaleur du soleil sur ses poils.
On pouvait deviner son impatience à reprendre sa promenade, pourtant il ne bougeait pas d’un muscle, trop concentré qu’il était à admirer son humaine.
Chris n’avait jamais eu d’animaux et elle avait toujours envié cet amour inconditionnel qu’on pouvait lire dans le regard de son compagnon à quatre pattes. Un amour qui dépassait toutes mesures. Un amour sans jugement.
La brave bête ne faisait pas exception à cette règle et posait sur sa maitresse un regard tendre. Elle poussait délicatement sa main du bout de la truffe à la recherche d’une caresse. La femme était trop absorbée par sa conversation pour deviner ce qui se jouait autour d’elle et pourtant, sa main répondait par réflexe à cette demande et venait courir entre les oreilles de l’animal. C’était un tableau si touchant que Chris sentit son cœur gonfler de sentiments mielleux.
Soudain, comme s’il avait été piqué par une guêpe, l’animal se releva et jappa au hasard de la rue. Ses hurlements s’intensifièrent et se teintèrent d’une terreur irrationnelle. Il n’avait plus rien du bon toutou transi d’amour. On aurait dit une bête déchainée. Sa mâchoire écumait maintenant de bave et projetait des filets à chaque claquement qu’elle effectuait. Son regard était sombre et fixait l’horizon comme s’il avait deviné une menace invisible. Tout son corps tremblait de rage et ses poils se dressaient sur son dos. Il n’y avait plus aucune trace du bon chien de famille et c’était un Cerbère en chair et en os que Chris observait désormais.
Il tirait sur la laisse d’une force inouïe comme voulant s’enfuir. La propriétaire décontenancée face à cette réaction tenta de le rassurer, mais le chien lui mordit les doigts qu’elle approchait. Elle se releva aussitôt et porta sa main meurtrie vers sa poitrine. Ses yeux transmettaient toute la peur et l’incompréhension qu’elle ressentait.
Devenu fou, le canidé continuait de se débattre et la jeune femme en lâcha par inadvertance la laisse qui le retenait jusque-là. Maintenant libre, la bête s’engagea sur le carrefour. Elle courait dans tous les sens, sans aucune logique apparente. Elle claquait les mâchoires près de tous les passants qu’elle croisait. Elle allait d’une cible à une autre, changeant de trajectoire avant même d’être arrivée à destination.
Le chien était devenu enragé.
Quelques individus tentèrent de l’arrêter, mais sans succès. Ils faisaient marche arrière face à son agressivité. Et puis tout à coup, l’animal se lança sur la route et ne put faire plus de trois pas avant d’être percuté par une voiture. Le cri de souffrance qu’il poussa perça le bruit de la foule. Chris ne pouvait plus détacher les yeux de ce corps qui offrait ses derniers soubresauts. La fourrure de l’animal se couvrait maintenant de sang et une flaque se développait à une vitesse folle autour de lui.
Le chauffard ouvrit sa portière et s’avança tout tremblant vers l’avant de son véhicule. Il passa une main sur le parechoc souillé de poils et de chair puis s’agenouilla près de la dépouille. On percevait légèrement les derniers glapissements de la bête, mais on devinait aisément que l’animal n’en avait plus pour longtemps.
Toute la rue semblait figée. Chacun restait inerte face aux évènements qui venaient de se produire devant eux. Seule la jeune propriétaire étouffait un sanglot, mais bientôt il fut recouvert par une sirène stridente. Chris ne pouvait déterminer son origine, mais elle était persuadée de reconnaitre l’alarme de la caserne des pompiers.
Reste dans la voiture. Ne bouge surtout pas.
Elle interrogea son mari du regard. Il semblait tout aussi perdu face à la situation. Ils eurent tout juste le temps de se retourner vers leurs enfants désormais éveillés, avant qu’un tremblement ne se fasse sentir. La voiture tremblait et le paysage alentour leur indiqua que toute la ville ressentait la même chose qu’eux. Un bourdonnement sourd accompagnait l’alarme et couvrait les cris. Tout vibrait dans la rue, des tables se renversèrent, des pots de fleurs chutèrent de leur balcon. La route se fissura légèrement par endroit. Les bâtiments tenaient bon, mais tout ce qui n’était pas fait de dur souffrait des secousses.
Un poteau électrique s’effondra sous la pression et chuta à quelques centimètres du capot de leur voiture. Cet incident arracha une plainte à Chris qui bloqua aussitôt sa respiration. Iris et Elliot criaient sur la banquette arrière, mais elle était bien trop effrayée pour esquiver le moindre mouvement. Elle eut tout juste la force de glisser sa main dans sa poche et de caresser son inhalateur pour calmer la panique qui l’envahissait.
Le tremblement de terre ne dura pas plus de quelques secondes et pourtant cela lui paraissait interminable. Lorsque tout redevint calme et que la sirène des pompiers interrompit son vacarme, Raphaël sortit sur la route.
Chris aurait voulu le retenir et lui demander de rester avec eux. Elle n’était pas rassurée à l’idée de le savoir à découvert dehors. Pourtant, elle n’esquissa aucun geste. Elle était encore tétanisée par l’émotion.
Laisse-le faire. Et si un arbre vient à lui tomber dessus, est-ce que ça sera vraiment une grosse perte ?
Raphaël fit le tour du véhicule et observa les dégâts causés par le séisme. Au moment où il s’apprêtait à reprendre sa place sur le siège conducteur, un scooter le frôla à vive allure. Il eut tout juste le temps de se plaquer contre la carrosserie et resta bouche bée. Jamais Chris ne l’avait encore vu pantois. Ce n’était pas dans ses habitudes de rester aussi passif face à un tel comportement. Le chauffard, quant à lui, slaloma entre les voitures et le poteau électrique et partit au loin.
Raphaël s’installa de nouveau sur son siège et alluma le contact. Il ne s’inquiéta pas pour le reste de sa famille et se contenta de faire marche arrière afin de contourner l’obstacle qui se tenait devant lui. Chris aurait aimé qu’il la rassure, mais cela faisait longtemps qu’il ne prenait plus la peine de s’inquiéter pour elle. Alors, elle se tourna enfin vers ses enfants, mais leurs visages terrifiés la déstabilisèrent un instant.
Chris, quelque chose est en train d’arriver. Ça commence.
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