
Résumé
Quinze années se sont écoulées depuis le premier tremblement de terre et l’arrivée des cadavres. Terrée derrière les murs de la Cité, l’humanité tente de se reconstruire et de repousser l’assaut de l’ennemi.
Iris a grandi et est devenue cette force de la nature prête à tout pour défendre sa famille. Intrépide, redoutable, la fillette qu’elle était s’est muée en féroce combattante. Alors qu’elle s’apprête bientôt à rejoindre l’armée, de terribles secrets lui seront dévoilés.
Qu’est-il réellement arrivé à sa mère dix ans auparavant ? Qui peut-elle croire ? Quel camp choisir ?
INTRODUCTION
Le vent jouait dans les cheveux d’Iris. Habituellement, elle les gardait toujours attachés, mais ce jour-là elle avait tenu à laisser voler sa longue crinière rousse. Elle savait à quel point sa mère les aimait ainsi, alors Iris ne prêta pas attention aux mèches qui venaient se coller à son visage ni aux feuilles qui s’accrochaient dans ses boucles. Tout ce qui importait, c’était ce silence. Celui qu’il était si rare de connaître dans la Cité.
Une fois de plus, elle avait ressenti le besoin de souffler, de s’isoler loin de la foule et de venir méditer dans ce jardin qu’elle aimait tant. Peu de colons s’y promenaient comme elle. Il fallait croire que les morts avaient le don de les faire fuir. Pourtant, Iris ne connaissait pas d’endroits plus paisibles et depuis qu’elle était arrivée ici avec sa famille, quatorze ans plus tôt, elle n’avait jamais trouvé d’autres lieux où s’isoler loin des survivants. Au fil du temps, ils avaient été de plus en plus nombreux et la place avait commencé à manquer. Le calme aussi.
Louisa se moquait toujours d’elle et trouvait cet attrait pour le cimetière assez glauque, mais finalement elle venait toujours la rejoindre lorsque son amie s’y réfugiait. Iris savait bien qu’elle allait bientôt débarquer alors la jeune femme profita de ces derniers instants de solitude, pour se racler la gorge, puis d’une petite voix, annoncer sa présence.
– C’est moi. Encore. Je t’ai amené des fleurs. Elles viennent du jardin d’Elliot. Tu sais, il a vraiment la main verte ! Il peut faire pousser tout et n’importe quoi. Les herbiers sont vraiment chanceux de l’avoir recruté. J’ai entendu dire qu’il faisait des miracles sur les plantations et que les récoltes allaient être géniales cette année. Tout ça parce que ce petit génie a trouvé un nouvel engrais. Je vais pas rentrer dans les détails, tu sais très bien que je ne comprends pas grand-chose à tout ça.
Elle prit une profonde inspiration et s’assit en tailleur sur la tombe. Elle nettoya distraitement de la main la terre qui était venue envahir la pierre et posa le bouquet qu’elle tenait. Les fleurs étaient si belles.
– Moi, j’ai bientôt fini ma formation. Encore quelques semaines et je pourrai rejoindre l’équipe. Tu serais fière de moi. C’était notre rêve à toutes les deux, que je devienne soldate. J’arrive pas à y croire. J’ai réussi. Bientôt, je vais participer à mon premier raid. J’ai tellement hâte ! Tu te rends compte ? Quitter la Cité ! Ça fait quatorze ans que j’en rêve. Je vais enfin pouvoir visiter les autres colonies.
Alors même qu’elle s’imaginait cette possibilité, Iris sentit son cœur se gonfler de bonheur et ses joues rougir d’excitation. Même dans ses rêves les plus fous, elle n’avait jamais cru pouvoir un jour déambuler de nouveau dans la nature. Elle l’avait souvent envisagé, oui, mais jamais aussi sérieusement.
– J’irai peut-être dans le sud. Il paraît qu’ils vivent encore en hiver. Pas une seule fleur en quinze ans, il y a de quoi devenir fou. OK, ici on dépasse jamais les dix degrés, mais au moins on ne vit plus sous la neige.
Elle émit un petit rire cristallin, puis délicatement, posa son doigt sur les lettres gravées. Elle les suivit de gauche à droite, doucement, comme si elle caressait la joue d’un être cher.
– Tu me manques. Tout va bien pour nous. On est heureux tous les trois. Mais bientôt, j’aurai mon propre chez-moi, j’ai vraiment hâte. Tu sais combien elle peut être protectrice avec Elliot et moi, alors ça a été assez compliqué de la convaincre de me laisser déménager. Elle voulait pas que je parte. Elle avait peur de me perdre. Je peux comprendre, après tout, toutes mères angoissent à l’idée de voir partir leur enfant, mais quand même ! Elle aura juste à traverser le couloir pour venir chez moi. Ce n’est pas comme si je partais pour une autre colonie et qu’il faudrait échapper aux cadavres pour venir me rejoindre.
Le calme. Tout autour d’elle était si calme. Iris inspira profondément et se gorgea de ce silence qu’elle aimait tant. Il y avait beau dire, elle préférait la présence des morts à celle des vivants.
– Tiens, les cadavres ! Tu te souviens quand on les appelait les « autres » ? Comme s’il y avait eux d’un côté et nous de l’autre. C’est toujours le cas, tu vas me dire, mais maintenant ils ont un nom. Fallait bien nommer nos ennemis. Ça aurait été débile de continuer à les appeler comme ça.
Sa gorge commençait à la gratter. Elle n’était pas habituée à parler aussi longtemps sans masque. Elle étouffa quelques toussotements puis reprit.
– Comme c’est la fin de ma formation, ça risque d’être assez intense les prochains jours. Donc, ne t’étonne pas si tu n’entends plus ma voix. Dès que je serai bien plus libre, je viendrai te voir. L’avantage, c’est que, toi, tu n’auras pas bougé !
Elle rigola doucement de sa blague puis fixa en silence la pierre. Que pouvait-elle lui dire d’autre ? Toutes les nouvelles de la semaine avaient été annoncées, et il n’y avait plus rien à ajouter. Alors Iris resta silencieuse. C’était aussi cela qu’elle aimait avec les morts : on n’était pas toujours obligé de faire la conversation. On pouvait simplement être là, près d’eux et attendre que passe le temps.
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